Sénégal – RETARD ET OUVRAGES DÉFECTUEUX
L’ARCOP et la Banque mondiale s’attaquent à ces défaillances de la commande publique
Les défauts de qualité dans la réalisation des travaux et les retards de livraison des contrats de construction publique sont devenus une normalité au Sénégal même si des sanctions sont infligées aux entreprises mises en cause.
Un mal qui cause un fâcheux préjudice aux deniers publics que l’État tente, tant bien que mal, d’utiliser de manière efficiente.
Face à ce phénomène qui prend de l’ampleur avec des conséquences négatives, l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop) et la Banque mondiale s’engagent dans une dynamique d’attaquer le mal à la racine. Ceci, en accompagnant le processus d’exécution du marché, de la publication de l’avis d’appel d’offres à la livraison du marché.
Lors d’un atelier de renforcement des capacités d’une cinquantaine de spécialistes de la commande publique venant de 16 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, lancé ce lundi 3 juin 2024, le directeur général de l’Arcop, Saër Niang a souligné à ce propos que « le processus de passation est généralement très bien surveillé ».
Cependant, ajoute-t-il, « là où l’État perd de l’argent, ici comme ailleurs, c’est dans la gestion des contrats. Donc, le grand défi aujourd’hui, c’est dans l’exécution des marchés de travaux qui sont généralement complexes. C’est dans le contrat qu’on distribue les rôles et responsabilités et obligations des différentes parties ».
Par exemple, poursuit M. Niang, « on construit un grand immeuble et il est prévu d’utiliser 80 tonnes de ciment, 60 tonnes de fer. Souvent il y a des défaillances à ce niveau. Généralement on paie des prestations dont les services ne sont pas livrés où ils le sont avec un retard énorme. Des fois c’est une route qui est conçue pour durer 20 ans et qui se détériore au bout de quelques années ».
Certes des sanctions existent, précise-t-il, mais l’objectif de l’Arcop et de la Banque mondiale est de se prémunir de ces dysfonctionnements à travers la gestion, en amont et en aval, des contrats. D’où cet atelier de formations destiné à outiller davantage les spécialistes de commandes publiques participants sur les mécanismes de gestion de contrat de la Fédération internationale des ingénieurs-conseils ou International (FIDIC) généralement utilisés par la Banque mondiale pour ce type de contrats de travaux.
Ceux-ci (les contrats de travaux) représentent, selon le représentant de l’institution de Bretton Woods, Laurent Mehdi Brito, la plus grande part « des 80 milliards de dollars qui sont dépensés en marchés publics en Afrique de l’Ouest ».
Au Sénégal, dit-il, « au niveau de la Banque mondiale, les contrats de travaux représentent les 2/3 de tous les contrats ». Donc, ajoute M. Brito, « une défaillance dans la réalisation d’infrastructures sociales (écoles, structures de santé, usine de traitement d’eau, centrale électrique…), entraîne des conséquences négatives pour les populations mais aussi pour ceux qui gèrent les deniers publics ».
Il s’agira à l’issue de cette formation, d’assurer de leur mise en œuvre de manière satisfaisante des contrats de travaux en termes de qualité, temps et coût.
A son tour, procédant au lancement de cet atelier, le directeur de cabinet du ministre de la formation professionnelle, Cheikh Fatma Diop s’est exprimé sur l’importance de la bonne gouvernance dans la commande publique. Laquelle, soutient-l, est un axe stratégique de la politique du nouveau régime.
À l’en croire, la recommandation des autorités, surtout en matière de marchés publics, c’est « d’appliquer les meilleurs standards selon le triptyque : Jubb, Jubbeul, Jubbanti qui nous permettra de changer de paradigme d’aller vers l’efficacité dans la probité et l’équité ».
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